Ce post parle de violences entre personnes queer et ne saurait être appliqué tel quel aux violences entre hétéro (comme tous nos textes).
Dans nos milieux féministes, il est courant de dire « on croit les victimes » ou « on vous croit ».Qu’est-ce que ça veut dire concrètement, « croire les victimes » ? D’après nous, cette affirmation est beaucoup plus complexe qu’elle ne semble. En tant que féministe, prendre soin des victimes de violence est l’un de nos enjeux principaux. Il est primordial de s’interroger en profondeur sur ce que cela signifie si on veut pouvoir le faire effectivement et efficacement.
A ce sujet, voir le texte « Soutenir un·e survivant·e d’agression sexuelle ». Une agression (notamment sexuelle, mais aussi physique, psychologique etc.) ne peut pas être prise en charge par n’importe qui. Il est préférable de faire appel à un·e tiers non concerné·e directement par la situation, et ce tiers doit s’être formé·e afin d’éviter de reproduire de la violence sur la violence.
Les personnes QUEER ont statistiquement plus de chances de subir des violences (familiales, sexuelles, professionnelles, médicales etc.) et donc plus de chances que les agresseur·ses QUEER soient elleux-mêmes des victimes de violences. Il est donc primordial de quitter l’idée, dans nos communautés QUEER, qu’on est soit victime, soit agresseur·se, car cela entraîne l'invisibilisation des violences subies par les personnes montrées du doigt comme agresseuses - et potentiellement, des violences perpétrées par les personnes socialement perçues comme « victimes ». (Toutes les violences méritent d’être prises en charge, tout le monde est indispensable).
Cf post « Binarité agresseur / victime ».
Dans nos suivis, il est extrêmement courant de voir les victimes de violence dépossédées de leur histoire. Dans une volonté de bien faire, les gens autour s’emparent de la gestion de l’agression et dépassent les demandes formulées par la victime. Parfois, la communauté traite plus durement l’auteur·ice que ne le souhaite la personne victime. Cette façon d’agir s’implante dans un cadre sexiste et psychophobe : les « victimes » aka la « femme blanche cis hétéra » (si vous avez bien suivi), parce que des femmes et/ou des personnes minorisées, ne savent pas ce qui est bien pour elles-mêmes. Ce sont les hommes, les juges, la police ou la communauté qui détiennent l’expertise sur ce qu’elles devraient faire. Parce que traumatisées, les victimes de violence n’ont pas les capacités psychologiques et rationnelles pour prendre les meilleures choix pour elles-mêmes. Cette façon d’agir est paternaliste et psychophobe.
Les choix adéquats ne peuvent se prendre qu’avec la mise en place d’un cadre : du temps, de l’argent, un soutien émotionnel***, des personnes formées. Avant tout, il est vital de se renseigner sur la manière dont fonctionne un traumatisme. Faire tout ce qu’une personne traumatisée demande peut la mettre en danger elle et les autres.
Tout le monde n’a pas le pouvoir de dire “ce que je vis est une violence” et d’être entendu·e. Entrent ici en jeu les capitaux matériels (cf posts précédents) ; les rapports d’oppression au sein de la société et au sein des communautés queer (qui ne se recoupent pas toujours).